La confiance a priori - un état d’esprit

04.12.2022
4/22

La garantie du droit au minimum vital constitue la base de l’aide sociale. Le minimum vital ne doit pas seulement permettre l’existence et la survie des bénéficiaires, mais également donner à celles et ceux-ci la possibilité de participer à la vie sociale et active. Il favorise la responsabilité de soi et l’effort personnel. Telle est la définition des buts de l’aide sociale selon la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS).

La société à deux vitesses est aujourd’hui une réalité. L’économie creuse les inégalités et pousse de plus en plus de gens dans la précarité, menaçant la paix sociale. De plus en plus de personnes recourent à l’aide sociale, rendant cette dernière toujours plus indispensable. Il est donc impératif de se doter de lois qui permettent de mettre en place des dispositifs permettant de mieux répondre aux besoins individuels de chaque personne se trouvant en situation de fragilité.

Le projet de nouvelle loi sur l’aide sociale et la lutte contre la précarité à Genève est le reflet des besoins et des demandes que nous constatons ainsi que des expériences que nous faisons au quotidien sur le terrain. Le praticien du social qu’est l’Hospice général a été entendu par les mondes politiques, institutionnels et associatifs.

L’esprit de la loi a été revisité afin de véritablement mettre l’aide sociale au service de la cohésion de notre société. La solliciter est une démarche positive et intelligente pour trouver le soutien dont on peut avoir besoin. N’acceptons plus la phrase trop souvent entendue : « On tombe à l’aide sociale » et surtout n’oublions pas que cela peut arriver à tout le monde, comme la crise sanitaire l’a récemment montré. L’aide sociale est un droit auquel toute personne résidante légalement sur le sol genevois peut faire appel… et tout va bien.

L’accompagnement et l’insertion sociale retrouvent une place dans le dispositif. La logique de « l’insertion professionnelle à tout prix » rencontre des limites évidentes que l’on ne peut ni sous-estimer ni balayer d’un revers de la main. Il importe de traiter de manière adéquate, sans hypocrisie, les personnes qui ne peuvent délibérément pas espérer retrouver une place sur le marché de l’emploi.

Le système actuel est aussi et enfin remis en question, passant d’une logique d’assistanat et de contrôle à une logique d’accompagnement, de responsabilisation et de confiance. L’objectif est de développer du pouvoir d’agir, redonner de l’autonomie, de la confiance et ainsi permettre d’être acteur et actrice de son parcours.

Une loi ne reste néanmoins qu’une loi… celle-ci pose une cadre et insuffle un état d’esprit inclusif qui permet d’investir et de croire en la capacité de tout un chacun de faire partie et de jouer un rôle au sein de sa communauté. Elle s’adresse à toutes et tous, à la population, aux entités publiques, aux associations, aux entreprises, etc. Charge à tous ces acteurs d’incarner, de développer et de renforcer la cohésion sociale.

Yasmine Praz Dessimoz
Directrice de l’action sociale Hospice Genève